MACROSS PLUS

Pendant que Big West semble se satisfaire de continuer Macross sans ses créateurs, Shôji KAWAMORI travaille de con côté sur un tout autre projet. Bien qu’il soit surtout connu pour ses histoires mettant en scène des affrontements épiques au cours de grandes guerres, KAWAMORI garde une passion première pour l’aviation, et tout particulièrement pour les histoires d’appareil expérimentaux et de leurs pilotes d’essai. Cela le motive donc à vouloir créer une histoire mettant en scène la rivalité entre deux pilotes d’essai de deux sociétés différentes mâtiné d’une histoire d’amour avec une chanteuse.

Le problème ?

Personne n’est intéressé. Rapidement les sponsors potentiels décèlent des similitudes avec l’œuvre phare du réalisateur, et lui suggèrent que s’il veut vendre son concept, il devrait le transformer pour l’intégrer à l’univers Macross et qu’à cela ne tienne, KAWAMORI finit par se laisser convaincre et se penche avec le Studio NUE pour continuer enfin l’univers Macross – toutes ces discussions et élaborations menant parallèlement à la création de Macross 7 avec une sortie commune des deux projets en 1994.

Avec KAWAMORI et le Studio NUE de retour sur le devant la scène, Big West ravi de lancer ces nouveaux projets – espérant ainsi faire oublier la déception de Macross II – et Bandai se joint à la fête assurant un gros budget pour cette nouvelle production. Seule compromis : le projet initialement pensé comme un film deviendra une série de 4 OAVs à la demande du sponsor, un format plus rentable et moins risqué qu’une sortie cinématographique. Mais cela permet d’assurer à Macross Plus un apport financier plus que confortable…

Et ça se voit !

Dès sa scène d’ouverture affublée d’une mise en scène du feu de dieu et d’une réalisation irréprochable, les errements de Macross II sont rapidement oubliés et la série aura vite fait d’entrer dans le cœur des fans de Macross et du public d’animes en général.

Il faut dire que pour son retour sur Macross, le Studio NUE s’est assuré un staff exceptionnel. Si KAWAMORI reste à la réalisation, il s’assure à la co-réalisation la présence d’un jeune réalisateur qui y fera ses premières armes, un certain Shin’ichirô WATANABE qui obtiendra une notoriété mondiale quelques années plus tard avec une petit anime insignifiant appelé Cowboy Bebop… Le scénario n’est pas en reste puis qu’il est signé par Keiko NOBUMOTO qui sera elle aussi la scénariste de Cowboy Bebope (et travaillera par la suite sur d’autres classiques comme Wolf’s Rain ou Space Dandy). Cerise sur le gâteau : le choix d’amener une compositrice encore peu connue mais qui deviendra vite légendaire et continuera encore longtemps à collaborer avec KAWAMORI et WATANABE : Yôko KANNO dont les compositions symphoniques digne d’un film cinématographique aura vite fait de laisser le public sans voix. Une équipe d’élite donc, qui associée aux vétérans du Studio NUE permet à Macross Plus de s’imposer d’emblée comme une référence des années 90′.

Seule ombre au tableau : l’absence de Haruhiko MIKIMOTO au character design alors même qu’il est considéré à l’époque comme le designer attiré de la licence. La raison ? MIKIMOTO était déjà en train de travailler sur Macross 7 dont la pré-production commença avant celle de Macross Plus, et alors qu’il était prévu qu’il travaille sur les deux séries, la charge de travail que représente une nouvelle série TV l’amène bien vite à réaliser qu’il ne pourra pas cumuler le même poste sur Macross Plus – une situation qu’il regrette encore à ce jour, admettant bien volontiers que s’il avait eu le choix, il aurait préféré faire Macross Plus. A la place c’est MASAYUKI (character designer du culte Doomed Megalopolis de RINTARÔ, et plu récemment co-réalisateur des films Rebuild of Evangelion) qui reprend le rôle et le moins que l’on puisse dire c’est que son style détonne de ce pour quoi est connu la licence, avec un graphisme bien plus réaliste et mature mais qui aura rapidement séduit le public tant il s’associe parfaitement au ton bien plus adulte de cette nouvelle série.

Car Macross Plus c’est un peu la série de la maturité. Là où Macross 7 à la télévision vise avant tout un nouveau jeune public à l’instar de la série originale 12 ans plus tôt, cette série d’OAV vise avant tout un public de fan qui a vieilli depuis, et présente un univers plus sombre et adulte, et des personnages (par ailleurs plus proches de la trentaine) plus matures que dans la production animée moyenne. Pour autant Macross Plus n’oublie pas non plus de mettre le chanson au cœur de récit, mais avec des tons électros (pour ne pas dire bizarres) choisis par Yôko KANNO pour illustrer les chansons de l’idole synthétique de la série, Sharon APPLE. On est loin de la J-Pop de Mari Iijima ! S’il n’est pas vraiment question de guerre dans cette série, le chanson sert néanmoins d’élément liants les différents points du récits et les thématiques étudiées par la série, tels que l’intelligence, mais aussi et surtout celui de la puissance de la volonté humaine face à toute autre chose (un thème qu’on retrouvera également au cœur de deux productions de KAWAMORI de l’époque : Macross 7 et Vision d’Escaflowne).

Véritable illustration de la passion de KAWAMORI pour l’aviation mais aussi plus généralement de la Science-Fiction (avec des références à foison aux classiques du genre), Macross Plus fait aussi parti de ces séries qui a su touché les animefans bien au-delà de son public visé, tant la série est autosuffisante. En effet pour ce qui est sans doute la seule fois dans l’histoire de la licence, nous sommes vraiment dans une œuvre détachée du lore de l’univers général de Macross qui ne sert que de toile de fond que pour raconter une histoire totalement indépendante. Ce peut-être à la fois une qualité ou un défaut (c’est selon) mais c’est aussi sans doute ce qui explique que la série ait marqué le public bien au-delà des fans de Macross.

Après l’échec de Macross II, cette nouvelle série sera un gros succès sur le sol Japonais mais fera aussi son effet en occident où elle arrivera rapidement. Au final seules quelques réserves par rapport au côté un peu expéditif du combat final laissera quelques bémol… des réserves néanmoins qui seront vites corrigées…

Car un an plus tard – et plus exactement deux mois à peine après la sortie du dernier OAV – voit la sortie en salles (accompagné d’un court métrage de Macross 7) de Macross Plus: Movie Edition.

Au contraire de Do You Remember Love? nous sommes dans ce cas précis devant l’exemple type du film compilation : un remontage de la série sous la forme d’un film de deux heures comprenant une vingtaine de minutes d’animation inédite. La particularité de ce montage néanmoins, c’est qu’il est basé sur le scénario original de Macross Plus avant qu’il ne doive être retravaillé pour devenir une série à la demande de Bandai. Ainsi l’introduction des personnages diffère, l’ordre des évènements peut parfois changer, certaines scènes sont raccourcies ou rallongés, mais le tout suit une logique imparable et le récit gagne en rythme, occultant certaines intrigues secondaires par forcément utiles. Mais surtout ce film amènera à une refonte totale du combat final pour un finish bien plus satisfaisant et épique que celui de la série qui laissait un peu sur sa faim. Pour toutes ces raisons, le film est souvent considéré comme la version définitive de Macross Plus même si à n’en pas douter : les deux versions méritent le coup d’œil !

En occident Macross Plus eut droit à une sortie plutôt rapide dans les pays anglo-saxons chez Manga Vidéo. L’éditeur étant en train de s’implémenter en France à la même période avec tout son catalogue, cela permit aussi une sortie rapide chez nous en VHS des deux premiers volumes – dotés d’un doublage réussi (avec notamment l’excellent Michel MELLA dans le rôle d’Isamu) mais d’une traduction très aléatoire alors qu’elle était pourtant basée sur la version anglaise ! Il fallut néanmoins attendre de long mois pour le troisième volume.. mais au prix d’un changement de voix – et pas toujours en bien – pour la majorité des personnages. Suite à cela, le quatrième et dernier volume se fit aux abonnés absents.

La cause ? Des conflits entre Manga Vidéo et Bandai qui retardèrent aussi la sortie outre atlantique car Bandai refusa de leur fournir la piste audio internationale – c’est à dire la bande son sans dialogues utilisée pour les doublages. Cela mena Manga Vidéo à devoir bricoler leur propre piste audio en utilisant les musiques des OST (faisant qu’il manque quelques pistes et chansons absentes des OST déjà sorties) et des bruitages de leur cru (notamment l’utilisation incongrue de bruit de lasers pour les tirs des Valkyries… alors même qu’on voit bien les pilotes recharger leurs armes). Bandai poussa même le vice à réaliser leur propre doublage US du quatrième épisode, avec la vraie bande son… mais un cast totalement différent et qui restera exclusif au Japon. Le comble.

Du coup pour la France il faudra attendre que Canal+ s’en mêle pour enfin voir la fin de la série sous nos latitude. Alors que la chaîne prévoyait initialement de faire doubler le film (toujours inédit à ce jour) et de le diffuser, elle décide finalement se tourner vers la série. Du coup non contente de faire doubler le dernier épisode (mais malheureusement avec la bande son anglaise), elle décide aussi de faire redoubler le troisième épisode avec les comédiens des deux premiers volumes, permettant ainsi d’avoir une version uniforme et offrant également une bien meilleure traduction pour l’épisode redoublé.

Après cette diffusion, la 4ème volume sortit finalement en VHS chez Manga Vidéo.

Quelques années plus tard, Macross Plus fit aussi parti des premiers titres sortis en DVD chez Manga Video, en deux volumes. Malheureusement le résultat fut loin d’être à la hauteur de ce que mérite cette série : bien que ne proposant qu’un seul épisode sur des DVD doubles-faces, on découvre des défauts notables de compression et bien que ces DVD nous permirent de découvrir la version originale de la série, les sous-titres comme tous ceux de l’éditeur se contentaient de reprendre tels quels les dialogues du doublage français, et on se retrouve donc comme avec Macross II avec un texte pas synchrone, reprenant tous les non-sens de la traduction française.

La bonne nouvelle néanmoins c’est l’éditeur All The Anime à annoncé la sortie prochaine des OAVs et du film de Macross Plus en Blu-Ray en occident, y compris en France. Une nouvelle qui fait plaisir tant cette série le mérite bien.

,

Leave a comment

Design a site like this with WordPress.com
Get started