Alors que tout le monde attends désespérément une suite, il faudra attendre 1987 pour que les fans reçoivent un petit os à ronger de la part de Studio NUE sous la forme de The Superdimension Fortresse Macross : Flashback 2012.
Loin d’une suite, c’est au final une OAV musicale de 30mn qui est offerte au public reprenant dix chansons de Minmay sous la forme de clips musicaux composés de montages sur des images de la série et du film.
Le point qui fait cet OAV aura néanmoins marqué le public, c’est la présence de quelques scènes inédites au début et la fin de l’OAV montrant le concert d’adieu de Minmay et surtout son départ au côté de Misa et Hikaru à bord du Megaroad-01, un élément particulièrement important du lore de Macross… dont nous attendons toujours le fin mot de l’histoire 35 ans plus tard.
Un point de détail intéressant à connaitre néanmoins c’est que le départ en question devait à l’origine clore la série originale mais ne put se faire faute de temps et de budget. De même : le concert de Minmay devait clore le film, mais n’avait pu être réalisé à l’époque – ce dernier sera néanmoins réintégré plus tard dans DYRL avant le générique de fin à partir de la version DVD du film.
Devant le carton surprise de la série, il fut rapidement décidé de mettre en chantier la réalisation d’un film qui sortira en 1984. Le phénomène n’avait rien de nouveau à l’époque, pas plus que la décision de faire de ce film une version condensée de l’histoire de la série.
Mais à la différence par exemple du premier film de Yamato, ou de la trilogie Gundam de Yoshiyuki TOMINO, qui se présentaient sous la forme d’un remontage du meilleur de leurs séries respectives accompagné de nouvelles séquences d’animation, il fut décidé de faire un nouveau film composé exclusivement d’animation inédite qui repense entièrement l’histoire originale pour ce nouveau format.
A la barre on retrouve la même équipe, à la différence que Shôji KAWAMORI hérite du poste de co-réalisateur aux côtés d’ISHIGURO, faisant de ce film sa première réalisation. Et le travail de fond va beaucoup plus loin que ce genre de film résumé le font d’habitude vu qu’on est devant une pleine réimagination aussi bien visuelle que scénaristique (un procédé que KAWAMORI réutilisera souvent par la suite, notamment pour les films d’Escaflowne et d’Aquarion).
Le résultat est un véritable chef d’oeuvre cinématographique. Là où la série était d’une réalisation très inégale, la réalisation technique de ce film est exceptionnelle pour l’époque. Fruit de la collaboration entre 20 studios d’animations, ce fut l’un des premiers films d’animation à gros budget du Japon, et le résultat se voit à l’écran. S’il serait peut-être excessif de dire que le film n’a pas pris une ride, il reste très impressionnant visuellement même près de 40 ans plus tard.
Le scénario n’est évidemment pas aussi poussé que la série, mais il se focalise complètement sur le concept de base qu’a imaginé KAWAMORI : une histoire d’amour sur fond de musique et de guerre spatiale. On ne saurait le prendre comme remplacement tant certains concepts diffèrent radicalement de la série originale (à commencer par la nature des ennemis Zentradi et de la Protoculture), mais il est un complément indispensable pour les fans de celle-ci, et surtout un excellent film largement autosuffisant.
Au delà de sa qualité intrinsèque, Do You Remember Love? est aussi une œuvre fondatrice de par son influence encore majeure à ce jour sur l’univers Macross et des longs débats entre fans que son existence lancera concernant le canon Macross.
En effet là où la série est généralement considéré comme le canon principal pour tout un tas de raison trop longue à détailler ici, le film se présente à côté de ça comme l’influence visuelle majeure de l’univers (et ce y compris dans la préquelle de la série originale, Macross Zero) et marquera la première apparition de beaucoup d’autres éléments qui seront réutilisé par la suite (comme la langue Zentradi) faisant qu’il est presque impossible de dissocier la série originale du film en terme d’importance dans le canon officiel.
D’ailleurs le film de Macross est généralement considéré au sein de l’univers Macross comme une sorte de « film dans le film » sorti en 2031 célébrant l’armistice de Guerre Spatiale (même si en fait… c’est un peu plus compliqué que ça), mais il serait très réducteur de réduire cette merveille bien réelle à cela.
En France le film fut doublé au début des années ’90s avant de sortir finalement chez Manga Power, puis Shuriken Video en 1994 (un label vidéo d’AB Production se voulant pour les passionnés) sous le titre Macross: Robotech Le Film (sic). Si le doublage restait relativement correct (on y retrouvait notamment l’excellent Mark Lesser dans le rôle d’Hikaru) c’est au niveau de la traduction que le bât blesse.
Basée sur la version internationale Super Spacefortress Macross produite par Big West (qui mena à la création d’une version amputée de 30mn très célèbre outre atlantique, Clash of the Bionoids), la version français se retrouve avec dialogues bien souvent fantaisistes (le sommet étant atteint avec les délirants “Emigrants de l’Espace” ), une romanisation médiocre des noms de personnages (Hikaru qui devient Hikari, Foster pour Focker, Glovak pour Global, Mingmei pour Minmay, et j’en passe…), et une des chanson qui est curieusement remplacée par un chant en anglais au milieu du film. Malheureusement c’est la seule version qui fut jamais disponible en France (si on l’excepte une diffusion en salle en VOSTF lors du Cycle Cinemanga de Kaze à la même époque) et au vu de la situation pour le moins compliquée au niveau des droits du film, ce pourrait rester la seule pendant encore longtemps…